Concilier les atouts séduction avec les caractéristiques ou plus-values environnementales, ainsi que les outils de com’ pertinents et adaptés au message porté n’est pas toujours évident. Le 6 novembre 2019 avait lieu la première journée de la 9ème édition du congrès international [avniR]. Lors de cette journée, des questions autour de la communication et de l’environnement se sont posées. En effet, comment retranscrire tous les efforts fournis pour la réalisation du produit éco-conçu ? Comment traduire des résultats quantitatifs, des chiffres et des métriques en communication engageante ?
Premier intervenant de la session « démarche environnementale, communication et digitalisation : quels leviers l’un pour l’autre ? » animée par Hélène Teulon de Gingko 21, Loïs Moreira du Pôle Eco-conception, a expliqué comment mettre en valeur les produits éco-conçus. Car concevoir des produits Eco-conçues c’est bien, les vendre c’est mieux !
Le pôle Eco-conception a créé un Guide sur l’auto-déclaration. L’auto-déclaration est sous la responsabilité de celui qui communique et dépend de la norme ISO 14021. Il existe cependant 3 alternatives normées :
– L’écolabel qui dépend de la norme ISO 14024 (type I).
– L’éco-profil qui dépend de la norme ISO 14025 (type III).
– L’affichage environnemental qui dépend de la norme ISO 14026.
Le choix dépend du type du produit que l’on vend ainsi que des envies de l’entreprise, en effet il est important de ne pas tomber dans le greenwashing.
Pour une bonne auto-déclaration, on peut retenir 6 critères pour qu’elle soit “parfaite” :
– Efficace à l’usage : le principe le plus important est d’abord qu’il fonctionne.
– Pertinent : il doit savoir mentionner les vrais enjeux environnementaux.
– Exact : la communication doit être réaliste.
– Vérifiable : la transparence de l’évaluation des preuves est primordiale.
– Non trompeuse : la communication doit toujours inspirer confiance.
– Humble : il faut garder en tête que même un produit éco-conçu a un impact environnemental et il faut savoir l’assumer.
Il est préférable d’adopter une communication en cascade pour l’auto-déclaration. Partant d’un support de présentation rapide, passant par un support intermédiaire, puis finissant sur un support bien plus détaillé. Cependant il ne faut pas tomber dans les pièges de l’auto-déclaration. Pour pallier à cela, il faut établir une veille approfondie sur la concurrence, les fournisseurs, afin de savoir l’utiliser au mieux.
Ensuite, Florent Blondin, enseignant-chercheur, Université Grenoble Alpes, G-SCOP, à expliquer comment représenter les résultats d’analyse de cycle de vie ?
Pour chaque besoin, il existe une représentation spécifique efficace. A la question “d’où viennent les impacts environnementaux ?”, Florent Bodin explique qu’il existe 7 représentations possibles. Certaines plus ou moins efficaces que d’autres. Pour mesurer cette efficacité, deux facteurs sont pris en compte : la validité de la réponse (bonne ou mauvaise) et le temps de réponse. L’important est de donner la bonne réponse le plus rapidement possible et qu’elles soient assez claires pour que les résultats sautent aux yeux.
Les 7 modes de représentativités sont les suivants :
– Les barres horizontales : mode le plus efficace, les réponses sont justes dans la majorité des cas et le temps de réponse est très faible.
– Histogramme à 100% : le plus utilisé d’entre tous généralement.
– Les barres horizontales empilées : demandent un temps de réponse plus important.
– Le diagramme de Sankey
– La carte proportionnelle
– Le diagramme en cascade
– Les rayons de soleil
D’après les résultats, il faudrait concentrer les efforts sur : la barre horizontale, la carte de fréquentation (HeatMap) l’histogramme.
Florent Blondin a ensuite évoqué quelques conseils à appliquer pour bien représenter ses résultats, tels que ne pas avoir peur d’utiliser des tables de graphique, mais aussi d’organiser du plus au moins avantageux. Il est important d’imposer un scénario de référence. Utiliser le changement climatique peut être pris comme indicateur de référence. Il fait ensuite une “liste” de ce qu’il faut éviter, comme comparer les camemberts, mettre trop de couleurs…
Enfin Étienne Lees Perasso de LCIE Bureau Veritas a présenté une évaluation de l’impact environnementale des services numériques.
De par leur notion dématérialisée, on pourrait penser que l’Analyse en Cycle de Vie (ACV) des appareils numériques se porte seulement sur l’appareil en lui-même. Cependant, les services numériques possèdent une grande part matérielle que l’on peut repartir en 3 parties :
– Réseaux
– Terminaux
– Data center
Cela peut prendre en compte les systèmes de refroidissement des serveurs de stockages de données par exemple. Il faut voir plus loin que la face immergée de l’iceberg.
Cet ACV “cachée” est difficile à déterminer de par les connaissances limitées dans ce domaine. Toutefois, depuis 2008-2009, il y a un intérêt grandissant pour les impacts associés au service numérique. On estime qu’en France, les services numériques représentent 15% de la consommation électrique. Et plus globalement, l’ACV des services pourrait être l’équivalent des émissions de CO2 du trafic aérien mondial. Les services numériques sont les secteurs qui ont la plus forte croissance en termes d’impacts environnementaux.
Enfin, les services numériques sont perçus comme un secteur immatériel, ce qui est faux. Les services numériques peuvent être vecteurs de réduction d’impacts. Ce sujet est actuel et des méthodes d’évaluation existent. Cependant, cela apporte la confirmation de la nécessité de mettre en place un projet de recherche permettant de faire avancer les connaissances et par la suite de donner les bonnes pratiques.
Par Camille Bouillon, Agathe Leclercq,
Flore Grégoire et Julie Mielcarek
Association CLIM’ACTION – ISTC
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Crédits Photos : Alexandre Tarall